Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

animal ne dort, excepté le crapaud et l’homme, selon un proverbe connu :


Noz ann Nédelec na gousk ken
Met ann tousec ha mab ann den.


et on assure que, pendant la messe de minuit, les feux du purgatoire s’éteignent, et que les pauvres âmes qui y expient des péchés commis sur la terre éprouvent quelque soulagement.

— J’ai entendu conter encore, dit le domestique Fanch ar Moal, que, cette même nuit, les animaux parlent la langue de l’homme et s’entretiennent entre eux de leurs petites affaires, tout comme nous autres. Ils se racontent leurs travaux, leurs peines, leurs plaisirs, leurs projets, leurs voyages et leurs aventures. Et si cela est ainsi, moi je pense que les animaux peuvent bien avoir été des hommes, un jour, et que Dieu en punition de leurs fautes, les aura changés en bêtes plus ou moins intelligentes, plus ou moins malheureuses, selon leur degré de culpabilité. Et si cela est vrai, en parlant la langue de l’homme la nuit de la Nativité de Notre-Seigneur, les animaux ne feraient que recouvrer pour un moment un bien qu’ils auraient perdu et dont ils ont peut-être conservé quelque souvenir. C’est pour cela