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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/360

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poussai la porte de la chapelle ; elle céda, heureusement, et j’entrai. Mais, au même moment, le monstre fit entendre un cri si effrayant que la terre en trembla, et qu’il me sembla que la chapelle allait s’écrouler et m’écraser sous ses débris. Je me blottis au coin de l’autel, plus mort que vif, et ce ne fut que quand il fit grand jour que j’osai regagner ma maison. Je me couchai et restai toute la journée au lit avec la fièvre.

Je ne dis rien de ceci à personne ; mais je n’étais pas corrigé. Je continuai de fréquenter les réunions où l’on jouait ; mais désormais, quand je revenais de nuit de Roz-an-c’hogo, je ne passais plus par le chemin du vieux château, à moins d’être accompagné de deux ou trois camarades ; j’aimais mieux faire un long détour par Keriavily.

— Ce chien noir, dit Fanch ar Moal, était pour sûr le diable. Souvent il se déguise ainsi sous la forme d’un barbet noir ou d’un chat noir, qui suit les gens, la nuit. Mais, si tu avais eu sur toi un peu d’eau bénite dans une burette, tu n’aurais eu qu’à lui en jeter quelques gouttes, et tu l’aurais vu faire de drôles de grimaces et disparaître sous terre. Il est prudent d’avoir toujours sur soi une petite burette d’eau bénite, quand on voyage la nuit.

— Une autre nuit, reprit Gouriou, nous avions