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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/371

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prêtre mort et devant des assistants tous également morts, excepté elle seule.

Et tout s’expliqua ainsi aisément pour Marianna elle-même, et le silence absolu qui régnait dans l’église pendant la messe, et pourquoi elle ne reconnut personne dans cette foule, bien qu’elle fût de la paroisse et y connût presque tout le monde. D’ailleurs, on citait de nombreux exemples de cas semblables.

Alors seulement, comme cela arrive souvent, quand le danger est passé, elle eut peur, en réfléchissant à tout ce que son aventure avait de mystérieux et de surnaturel, et elle craignit que ce ne fût un avertissement du ciel lui annonçant sa mort prochaine. Mais la vieille Katel Merrien lui ayant assuré que, par sa seule présence à cette messe de morts, elle avait délivré du purgatoire toutes ces pauvres âmes condamnées à venir, chaque nuit, entendre la messe dans l’église de leur paroisse, jusqu’à ce qu’un chrétien vivant et en état de grâce y eût assisté et communié, cette pensée la rassura.

Néanmoins, dès le lendemain matin, elle alla commander une messe au curé de Plouaret à l’intention de son amie Marie Congar, qu’elle avait cru avoir reconnue parmi les morts.

Marianna Lagadec vit encore ; elle est mariée et mère de famille aujourd’hui, et habite au village