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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/376

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cinq cents ans, sur la montagne de Bré. On devait prendre ce fragment d’os, le brûler et en jeter les cendres au vent, loin, bien loin du moulin.

Malo suivit de point en point les instructions du sorcier, et, à partir de ce moment, tout alla un peu mieux au moulin de Kervégan.

Mais les choses ne devaient pas en rester là.

Un soir que je revenais assez tard de Lanvellec à Plouaret, je rencontrai Malo, armé de sa vieille carabine et revenant de guetter un loup qui avait enlevé plusieurs brebis dans les fermes des environs. Nous fîmes route ensemble ; mais bientôt nous entrâmes dans un cabaret, au bord de la route, où nous nous attardâmes à boire du cidre, et, au départ, nous étions joliment émus, Malo surtout. La nuit état sombre. Comme nous descendions la côte par le chemin creux qui mène à l’étang de Kervégan, nous entendîmes un vacarme effroyable sur nos têtes, et vîmes des lumières qui se déplaçaient, passant d’un buisson à l’autre, montant sur les arbres et semblant se poursuivre de branche en branche. Nous nous arrêtâmes.

— C’est un sabbat de diables, dit Malo.

— C’est tout au plus un sabbat de chats, répondis-je.

— Eh bien ! reprit Malo, diables ou chats, il n’importe ; ma carabine est chargée, et nous allons