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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/43

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pas. Après les avoir confessés, il leur dit de revenir le lendemain, pour qu’il leur fît connaître leur pénitence.

Le lendemain, quand ils revinrent, on les enferma tout nus dans un petit cabinet obscur, et avec eux neuf matous qui, depuis quatre jours, n’avaient rien mangé. Les matous leur arrachèrent les yeux, leur mangèrent la chair sur les os, puis, comme ils vivaient encore, on les jeta dans un bûcher, où ils furent réduits en cendres. Les cendres furent recueillies dans un linge blanc et déposées sur l’autel, dans la principale église de Rome, pendant que le pape y officiait. Au moment où la messe finissait, deux colombes blanches descendirent sur l’autel, enlevèrent dans leurs becs le linge qui contenait les cendres et l’emportèrent au ciel.

Le frère et la sœur étaient sauvés. Leur fils le pape mourut aussi sur la place, et ils allèrent ensemble au paradis de Dieu[1]. (Conté par une vieille femme de la commune de Trégrom, Côtes-du-Nord.)

  1. À rapprocher de la légende du pape Grégoire-te-Grand, dans les Gesta Romanorum, page 297, édition Jannet, 1863. Voir la note du conte : Celui qui racheta son père et sa mère de l’enfer, page 254 du premier volume.)
    Cf. pour les élections singulières de papes, Webster, l’Enfant qui entend des voix (cloches se mettant toutes à sonner et à dire : Voici le Saint-Père qui arrive) et Le Pape innocent, de notre premier volume, à la fin de la troisième partie.
    Un conte russe du recueil d’Afanassieff, livre I, 53. Le héros du conte apprend que le vieux tzar vient de mourir ; une ordonnance porte que celui dont la chandelle s’allumera d’elle-même sera le nouveau tzar. Or, la chandelle du jeune homme prédestiné (il a mangé la tête d’un canard) s’allume spontanément, et il est sur le champ proclamé roi. Le dieu védique, lui aussi. (Gubernatis, vol. I, p. 339, Mythologie zoologique), a pour attribut distinctif la vertu que possède cette chandelle merveilleuse de s’allumer d’elle-même, de briller d’elle-même.
    Dans un conte recueilli par M. Imbriani, à Pomigliano, et traduit par M. Marc Monnier, Contes populaires en Italie, p. 105, il est question d’une colombe jetée en l’air ; celui sur la tête duquel elle s’arrête devient pape.