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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/85

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Voyant cela et n’y comprenant rien, les deux jalouses crièrent à la sorcière et allèrent la dénoncer comme telle à leur maîtresse. Celle-ci, intriguée et désireuse de voir par elle-même quel cas elle devait faire de semblables rapports, se mit un jour à la fenêtre de sa chambre, afin d’observer les trois filles, au moment où elles sortiraient ensemble, à midi, pour aller se récréer pendant une heure dans le jardin. Et elle vit fort bien quatre anges à ailes blanches qui enlevèrent Touina du milieu de ses deux compagnes et la transportèrent dans la chapelle ; puis ils la rapportèrent encore auprès des deux autres filles, quand l’heure fut venue de rentrer au château. Elle comprit que c’était là un miracle de la part de Dieu ou de sa sainte mère, et que Touina devait être une sainte ; et, à partir de ce jour, elle dit qu’elle n’irait plus travailler à la cuisine, ni nulle part ailleurs où seraient les deux autres filles, mais qu’elle resterait à filer dans sa chambre, et irait prier à la chapelle quand bon lui semblerait.

La dame n’avait qu’un enfant, un fils de dix-huit ou dix-neuf ans, qui était aux écoles. Quand ses études furent terminées, il revint à la maison, et il y eut, à cette occasion, un grand repas, auquel on invita tous les parents et les autorités du pays. Les deux servantes jalouses