Aller au contenu

Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 2, 1881.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où vous viendrez vous-même me rejoindre, quand vous aurez fait l’éducation de votre enfant.

Et le vieillard expira dès qu’il eut prononcé ces paroles. Touina lui fit faire de belles funérailles, auxquelles assistèrent tous ses parents et amis, et tous les invités du grand dîner, qui étaient encore à table pendant que tout ceci se passait dans la cuisine du château.

(Ce conte a été conté à Marguerite Philippe, de Pluzunest, par une pèlerine, en se rendant en pèlerinage au Relec, arrondissement de Morlaix.)


Twina ou Touina n’est pas un personnage purement imaginaire, comme on serait tenté de le croire, parce qu’on ne trouve ni sa vie, ni ses actes, ni même son nom, dans les hagiographes ni ailleurs, que nous sachions du moins. On rencontre seulement dans le calendrier de saint Meen un saint Touinianus, qui était son père ou son frère peut-être, ou pour le moins un parent. Une petite chapelle de Plouha, dans les Côtes-du-Nord, qui était originairement sous le patronage de sainte Touina, est aujourd’hui consacrée à sainte Eugénie, dont la légende, qui rappelle sans doute celle de l’ancienne patronne, y est retracée, dans une peinture du XVIIIe siècle, signée Hamonnic, peintre breton parfaitement ignoré. Nombre de saints personnages, jadis connus et vénérés du peuple, surtout en Bretagne, se sont vus déposséder ainsi, au profit de noms plus connus, des hommages et du culte qui leur revenaient de droit. Ces substitutions ou ces usurpations sont dues généralement à l’analogie plus ou moins grande des noms ou à la similitude des légendes des premiers titulaires avec celles des usurpateurs. C’est ainsi, pour citer quelques exemples, que de saint Guéganton on a fait saint Agathon ; de saint Clévé, saint Clet ; de saint Drien, saint