Aller au contenu

Page:Lyndamine ou l’Optimisme des pays chauds, 1875.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 34 —

— Un cul te fait donc peur ? reprit maman ; avoue-le, n’en avais-tu jamais vu ?

— Cela est vrai, dis-je, mais je me doutais bien pourtant qu’un cul ne différait pas d’un cul.

— Peut-être, s’écrie-t-elle vivement ; oh ! ton cul et le mien ont deux fesses, sans doute ; mais il y a fesses et fesses, et cela seul fait courir ou dédaigner une femme. Ne sais-tu pas l’histoire de Vénus belles fesses ? Après tout, nous verrons les tiennes à l’aise lorsque nous serons arrivées. Mais comme il faut s’amuser pendant le voyage et que je n’aime que les amusements solides, c’est sérieusement que je t’assure du bien-être dont je te trouve digne. Reste une seule difficulté qui rompra peut-être toutes nos mesures. Tu ne me connais que par mes premiers bienfaits ; cependant ta confiance est sans réserve : qu’attends-tu donc de ma générosité ?

— Maman, dis-je d’un ton ferme et modeste, vous avez avec moi partagé votre pain, et vous avez promis de ne pas m’abandonner. Je suis au mieux et votre servante pour la vie.

— Fort bien, répond-elle ; mais tu ne sais aucun métier, et chez moi l’on doit gagner sa vie. À quel emploi t’occuperai-je ?

J’avais déjà prévu que sous elle je devais commercer de mes charmes ; mais je la laissai venir, et je lui demandai ce qu’elle prétendait faire de moi.

— Obéiras-tu si je te le dis ? reprit-elle avec la sensation de la joie.

— Oui, décidément, soyez ma mère ; mon corps et mon âme sont dans vos mains.