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Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/170

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cierge. Aussitôt, s’empressant de se rendre dans la boutique du crêmier (c’est lui qui me sous-loue mon appartement), elle lui dit, que je venais de perdre 1, 400 francs et qu’elle voulait le prévenir, afin qu’il me donnât congé, car désormais, je ne pourrais plus le payer. Ce brave homme la mit à la porte, et ne voulut point l’écouter.

Je pensais sans cesse à cette bonne dame A…, à ce qu’elle m’avait donné avec tant de générosité ; et qu’il m’en coûtait de la revoir, de lui avouer que j’avais tout perdu !… Mais je ne la connaissais point encore, cette femme unique, cet ange sur terre ! Dans l’après midi, elle vint me voir. Je me jetai dans ses bras en pleurant. « Calmez-vous, mon chéri, dit-elle, Dieu ne nous abandonnera pas. — Hélas ! Madame, comment ferai-je pour vous payer, je n’ai même plus de pain !… – Je ne vous abandonnerai pas, me répondit-elle ; soyez tranquille, je ferai toutes les démarches possibles, pour vous être utile, et ne désespérons pas ; je chercherai de l’argent, enfin je vous soutiendrai le plus que je pourrai. Maintenant, voyons ce qui vous reste à payer, sans me compter je veux être la dernière. — Merci, mon Dieu, m’écriai-je, quelle Providence vous avez daigné m’envoyer !… »