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Page:Mémoires artistiques de Mlle Péan de La Roche-Jagu, écrits par elle-même.pdf/94

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me jeter toute habillée sur le lit ; mais quel est mon effroi ! Lorsque je m’approche de l’alcove, le plancher, tellement vermoulu, manque sous mes pieds ; un peu plus je serais tombée sur le ronfleur au casque-à-mèche, qui justement se trouvait au-dessous. Je me dirigeai alors en tremblant vers l’autre lit et m’y reposai quelques heures. — En me levant, je me fis faire un grand feu, car de la nuit je n’avais pu me réchauffer. Je sortis ensuite pour voir M. le maire, qui me reçut parfaitement et m’invita à dîner ; je refusai, ne voulant pas défaire mes malles (n’ayant tenu à part que ma toilette de concert). Il mit la salle de l’Hôtel-de-Ville à ma disposition et me donna toutes les facilités qui furent en son pouvoir. Je fis promptement faire des affiches et des billets. Le lendemain, à 1 heure, Mlle de Roissy et sa mère (qui l’accompagnait toujours) arrivèrent et me firent compliment du joli hôtel que j’avais choisi, c’était assurément le plus vilain de la ville. Le soir, à 8 heures, notre concert eut lieu ; il n’y avait pas beaucoup de monde, vu que le carême était fort avancé, mais la société qui y vint était magnifique de toilettes ; on n’y remarquait que velours, satin et plumes. Tout cela ne nous fit pas faire une forte recette, pourtant nous