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Page:Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois.djvu/27

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philosophique où tous les droits de l’homme avaient été discutés et proclamés, présenta dès le début une toute autre portée. Dès le début l’Assemblée nationale déclara qu’elle n’emploierait jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple ; la nation française s’engagea à soutenir toutes celles qui réclameraient ses secours contre l’oppression ; elle voulait faire participer le monde entier à ses conquêtes libérales.

Ces sentimens de philantropie universelle, dont on trouve l’expression dans tous les manifestes de l’époque, et qui sont loin d’ailleurs d’exclure le patriotisme, impriment à notre révolution un caractère qui la distingue de toutes les autres. N’est-ce pas aussi le secret de la vive sympathie qu’elle a excitée ? la révolution d’Angleterre, et même celles qui de nos jours ont éclaté en Espagne, en Portugal, en Italie, presque exclusivement nationales, ont peu franchi les limites des pays qui les ont vues naître ; la révolution française, éminemment sociale dans ses intentions, a profondément retenti dans le cœur de tous les peuples européens.

Dès les premières opérations de l’Assemblée constituante, Grégoire fut persuadé que l’heure