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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/27

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gnant beaucoup d’estime m’apprendre que le moyen le plus sûr pour lui plaire, était de m’estimer assez moi-même pour ne pas lui manquer.

Si cette voie peut quelquefois faire donner lourdement dans le piége des femmes, elle est cependant beaucoup plus sûre, pour l’homme qui ne se laisse pas aveugler par la passion, que tous les moyens qu’en emploie ordinairement. La jouissance d’une femme dont on peut se dire aimé avec passion, et qu’on estime et qu’on aime soi-même, n’a-t-elle pas mille fois plus de charmes que toutes ces liaisons, qui n’ont pour base qu’un intérêt vil et sordide ? Mes sentimens étaient si bien d’accord avec ceux de mon cher comte, qu’il est impossible que jamais la fortune rassemble deux êtres plus faits l’un pour l’autre : aussi quelle différence on trouvera entre toutes les femmes entretenues et moi ! Toutes n’aiment et n’estiment dans