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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/92

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ne me venir voir que demain, si m’étais ressouvenue hier que c’était aujourd’hui mon jour d’exercice.

J’en aurais été très-fâché, madame dit l’abbé Fillot… je n’y aurais pas été… vous m’auriez privé du plaisir de voir cette belle enfant. Qu’elle est intéressante ! qu’elle sera belle ! Tout en disant cela le paillard me serrait amoureusement les mains et me regardait avec des yeux si enflammés par la passion, que la timidité me fit baisser la vue, je lui entendis même dire, entre le haut et le bas, qu’il voudrait être chargé quand j’aurais quinze ans, de me donner la première leçon d’amour.

Tout ce qu’il disait et faisait était une énigme pour moi, il aurait parlé et agi encore plus indirectement, que je n’y aurais rien compris.

Ma marraine cependant lui fit signe de se taire, et me demanda si je serais