Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/172

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passe à regret comme l’espoir. Et c’est à peine si, dans ce jour pauvre où tous les visages semblent décolorés et spectraux, on peut distinguer avec quelque précision les traits impassibles du président et des juges rouges d’assises, la silhouette, cravatée d’hermine, du vieux procureur général qui a tenu, en ces circonstances, peut-être périlleuses, à occuper lui-même le fauteuil de l’accusation, et les honnêtes physionomies des jurés, un architecte, des ingénieurs, un médecin, un employé et quelques rentiers, qui devront demeurer là, immobiles et attentives, face à face avec la sinistre bande, pendant vingt jours. »

« Placés en face des fenêtres, les vingt et un accusés, dix-huit hommes et trois femmes, reçoivent toute la lumière de la salle. Ils n’y paraissent point en beauté. Ce sont des bandits modernes, très jeunes pour la plupart, criminels cruels, impitoyables, jouisseurs, prétentieux, fiers de leurs quelques lectures mal comprises, qui leur ont donné non point des opinions, mais des haines et des appétits. Il y a là trois ou quatre pâles figures au mauvais regard, imberbes, parmi lesquelles cet éphèbe sinistre, Callemin dit « Raymond la Science », « Soudy », « l’homme à la carabine » de Chantilly, et Belonie ; il y a aussi, la première du premier rang du côté des juges, une singulière petite fille à figure expressive qui rit tout le temps et agite coquettement ses cheveux coupés courts et bouclés : c’est Mme Anna Maîtrejean, directrice ou gérante de la maison