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Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/187

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dant les bras vers elle, comme quand j’étais tout petit, lui murmurant, entre deux sanglots, le plus gros de ma douleur. Je crois bien que je l’appelle encore : « Maman ».

Maman !

Celui qui a écrit ces lignes, demande M. Michon, peut-il avoir été un criminel ?

Qui hésiterait à répondre ?

Eugène Dieudonné, gagné par les idées anarchistes, hantant les milieux illégalistes, sacrifiant à leur morale, a pu hospitaliser des camarades, les aider à se soustraire aux recherches policières, recéler même, puisque c’est le terme, leurs armes et leurs outils. En ce sens, il était légalement coupable de complicité, de vol si l’on veut, ou d’association de malfaiteurs. Cela lui valait, comme pour les autres, quelques années de prison ou de réclusion.

On le condamna à mort.

Mais l’injustice était trop criante. L’épouvante tombée, la raison et la pitié reprenaient leurs droits. On comprit qu’on ne pouvait tuer cet homme qui, lui, n’avait tué personne.

Sa peine fut commuée en celle des travaux forcés à perpétuité.

Au tranchant brutal de la guillotine, on substitua l’agonie lente et féroce du bagne.