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Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/193

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« Pendant ce temps, près de nous, j’entends Metge qui fait des projets : s’il n’est pas guillotiné, tout est bien ; au bagne, il obtiendra une concession, et fera du jardinage et de l’élevage, son rêve !

« Et de temps en temps, un coup au cœur arrête les mots sur mes lèvres : ces jeunes hommes, là, près de moi, qui parlent, qui pensent, qui rient, quelques-uns sont désignés pour la guillotine ! Celui-là, le plus insouciant, Callemin, comment pourrait-il y échapper ?



« Tout à coup, un nom retentit, très haut :

« — Madame Maîtrejean !

« J’ai comme une commotion. Enfin, c’est fini ! Je m’empresse, je cours vers la porte, j’envoie du bout des doigts, à la volée, un baiser à Kibaltchiche, je fais un signe amical à tous les autres, et je passe, vite, très vite. J’ai hâte de savoir.

« Dans le couloir attenant à la salle d’audience, des gardes sont massés.

« Des officiers les commandent.

« Derrière moi arrivent Rodriguez, la Vuillemin et la petite Barbe Leclerch, la maîtresse de Metge.

« Et, brutale, la porte se referme.

« J’ai compris : nous sommes acquittés, et nous sommes les seuls acquittés !