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Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/112

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ne connais pas d’élève plus docile et qui montre de plus heureuses dispositions. »

XVI.

Le lendemain se passa sans hostilités. De part et d’autre on se tenait sur la défensive. Orso ne sortit pas de sa maison, et la porte des Barricini resta constamment fermée. On voyait les cinq gendarmes laissés en garnison à Pietranera se promener sur la place ou aux environs du village, assistés du garde champêtre, seul représentant de la milice urbaine. L’adjoint ne quittait pas son écharpe ; mais, sauf les archere aux fenêtres des deux maisons ennemies, rien n’indiquait la guerre. Un Corse seul aurait remarqué que sur la place, autour du chêne-vert, on ne voyait que des femmes.

À l’heure du souper, Colomba montra d’un air joyeux à son frère la lettre suivante qu’elle venait de recevoir de miss Nevil :

« Ma chère mademoiselle Colomba, j’apprends avec bien du plaisir, par une lettre de votre frère, que vos inimitiés sont finies. Recevez-en mes compliments. Mon père ne peut plus souffrir Ajaccio depuis que votre frère n’est plus là pour parler guerre et chasser avec lui. Nous partons aujourd’hui, et nous irons coucher chez votre parente, pour laquelle nous avons une lettre. Après-demain, vers onze heures, je viendrai vous demander à goûter de ce bruccio des montagnes, si supérieur, dites-vous, à celui de la ville.

Adieu, chère mademoiselle Colomba. — Votre amie,

» Lydia Nevil. »

— Elle n’a donc pas reçu ma seconde lettre ? s’écria Orso.

— Vous voyez, par la date de la sienne, que mademoi-