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Page:Mérimée - Colomba et autres contes et nouvelles.djvu/140

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Rebbia est un garçon plein d’honneur ; je réponds de lui.

— Je le crois, dit le préfet ; mais le procureur du roi (ces messieurs soupçonnent toujours) ne me paraît pas très-favorablement disposé. Il a entre les mains une pièce fâcheuse pour votre ami. C’est une lettre menaçante adressée à Orlanduccio, dans laquelle il lui donne un rendez-vous…, et ce rendez-vous lui paraît une embuscade.

— Cet Orlanduccio, dit le colonel, a refusé de se battre comme un galant homme.

— Ce n’est pas l’usage ici. On s’embusque, on se tue par derrière, c’est la façon du pays. Il y a bien une déposition favorable ; c’est celle d’une enfant qui affirme avoir entendu quatre détonations, dont les deux dernières, plus fortes que les autres, provenaient d’une arme de gros calibre comme le fusil de M. della Rebbia. Malheureusement cette enfant est la nièce de l’un des bandits que l’on soupçonne de complicité, et elle a sa leçon faite.

— Monsieur, interrompit miss Lydia, rougissant jusqu’au blanc des yeux, nous étions sur la route quand les coups de fusil ont été tirés, et nous avons entendu la même chose.

— En vérité ? Voilà qui est important. Et vous, colonel, vous avez sans doute fait la même remarque ?

— Oui, reprit vivement miss Nevil ; c’est mon père, qui a l’habitude des armes, qui a dit : Voilà M. della Rebbia qui tire avec mon fusil.

— Et ces coups de fusil que vous avez reconnus, c’étaient bien les derniers ?

— Les deux derniers, n’est-ce pas, mon père ?

Le colonel n’avait pas très bonne mémoire ; mais en toute occasion il n’avait garde de contredire sa fille.

— Il faut sur-le-champ parler de cela au procureur du roi, colonel. Au reste, nous attendons ce soir un chirur-