Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/117

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férent. Les Taugs ont disparu, les voisins nous reviendront.

— Ah ! c’est bien à vous, colonel Douglas, dit Arinda, que nous devons la tranquillité de nos campagnes. Vous vous êtes dévoué avec un héroïsme modeste, comme dit sir William Bentinck. Maintenant, votre pays n’a plus rien à vous demander… Mais j’ai à vous demander quelque chose, moi, ajouta-t-elle avec un ton enjoué.

— Ah ! voyons ! dit le colonel en se dandinant nonchalamment sur son siège.

— Quand nous serons mariés, puisque la guerre est finie, vous me ferez voir Londres et Paris. Mon père nous donnera un congé d’un an. On m’a dit que Londres était plus grand que Calcutta.

— Londres ! s’écria Edward d’une voix retentissante, pour détourner les yeux des convives de la figure cadavéreuse du colonel, Londres n’est pas une ville ; c’est une planète, un monde ; c’est une ville qui n’a ni commencement ni fin ; Calcutta est son faubourg indien. Il y a un ruisseau entre eux deux, l’Océan. Mais je n’aime ni Calcutta ni Londres ; s’il fallait choisir, je choisirais le ruisseau.

— Et moi aussi ! dit le colonel, pour dire quelque chose.

— J’entends un bruit de roues dans la grande allée, dit Arinda en battant des mains ; notre fourgon arrive de Roudjah ! Voici mon piano ! »

Et elle abandonna la table, en courant comme une gazelle.

Le nabab, qui n’avait pas encore exercé ses droits de propriétaire, prit le bras du comte Élona pour lui montrer, à vol d’oiseau, l’étendue de ses domaines, du haut du belvédère de l’habitation.