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XVI

Le temple de Doumar-Leyna.[1]

Des sphinx, des bœufs d’airain sur l’étrave accroupis,
Ont fait des chapiteaux aux piliers décrépis ;
L’aspic à l’œil de braise, agitant ses paupières,
Passe sa tête plate aux crevasses des pierres.
Tout chancelle et fléchit sous les toits entr’ouverts.
Le mur suinte, et l’on voit fourmiller à travers
De grands feuillages roux, sortant d’entre les marbres,
Des monstres qu’on prendrait pour des racines d’arbres.
Partout sur les parois du morne monument
Quelque chose d’affreux rampe confusément ;
Et celui qui parcourt ce dédale difforme,
Comme s’il était pris par un polype énorme.
Sur son front effaré, sous son pied hasardeux,
Sent vivre et remuer l’édifice hideux !

(Victor Hugo, Puits de l’Inde.)

Par des sentiers connus d’eux seuls, les étrangleurs indiens conduisirent leurs prisonniers vers la chaîne de montagnes qui se plonge à l’horizon derrière le village de Roudjah. Lorsque le jeune Élona et ses neuf compagnons d’infortune se virent lier les pieds et les mains par leurs sauvages vainqueurs, presque toujours habitués à égorger sur place, ils comprirent que le fanatisme religieux leur réservait un autre genre de mort, et que le victimaire les attendait sur l’autel de la déesse Deera.

Dans une gorge déserte du mont Séreh, une large et symétrique excavation, taillée comme un pylône égyp-

  1. Il y a dans l’Inde deux temples de ce nom.