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II

À Golconde.

La grande place de Doudy, à Golconde[1], a un aspect charmant ; on ne saurait mieux la comparer qu’à la Piazza del Campo, à Sienne, surtout à cause de l’effet que produisent les façades à briques rouges, entre l’ombre mobile des arbres et l’éblouissante irra-

  1. Hydrabad, sous le nom de Golconde, était autrefois la capitale du royaume de Télingana. Nous lui donnons ici son ancien nom. Une petite ville voisine, regardée comme la citadelle d’Hydrabad, est encore aujourd’hui appelée Golconde. C’est dans cette ville que fut fondée l’association des Taugs, en 1812. C’était après les conquêtes de lord Cornwallis, et quelques écrivains anglais croient que le but principal de la secte, et surtout de son chef, était politique encore plus que religieux. On voulait anéantir les conquérants, et les Indiens renégats qui avaient embrassé leur cause. L’époque de la naissance des Taugs semble, par sa date, justifier cette assertion. Elle est clairement indiquée, cette époque, dans l’ouvrage que le capitaine Taylor a publié en 1840, et qui a pour titre : Confessions of a Taug, avec une épigraphe dont le sens est celui-ci : J’ai entendu raconter et j’ai lu beaucoup de fables monstrueuses ; mais ce que je vais écrire à mon tour surpasse toute fiction (Law of Lombardy).

    M. Taylor m’a raconté, à Marseille, quelques incidents de cette guerre, et il a mis à ma disposition un album fort curieux, représentant divers sites et plusieurs scènes de la guerre qui a désolé la province du Nizam. Mon but n’étant pas de raconter exclusivement une longue histoire, mais voulant me borner à peindre et à lier à une autre action quelques épisodes de la fin de cette guerre, je me suis servi plutôt des récits de ses principaux acteurs que des rares articles publiés par les revues anglaises.

    L’orthographe que j’ai donnée au mot Taug indique assez la manière dont les Anglais le prononcent dans notre langue.