Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/85

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voudrais bien que Dieu me dit si c’est un ange ou un démon… Elle avait de plus l’attrait irritant de la jeune veuve. Oh ! pour éviter cette Circé de l’Hermus, cette sirène de l’Ionie, il ne fallait pas se fermer les oreilles avec de la cire ; la cire fond, et l’on est perdu : il fallait partir sur un nuage de vapeur, et laisser derrière soi la barrière de deux tropiques et de deux océans !… À cette heure, la comtesse Octavie doit être mariée, puisque j’ai failli en devenir amoureux… Je souhaite deux anges gardiens à son mari ! Comte Élona, pour rassurer miss Arinda, qui a vu onduler les gazons au bord de l’étang, je vais faire ma sieste, même de ce côté. Allez le lui dire, là-haut, dans ce chattiram. Quand elle daignera jeter ses beaux yeux vers moi pour calmer ses inquiétudes, je dormirai. »

IV

La veillée.

Les premières paroles qui furent échangées au repas du soir roulèrent, sur le prochain mariage du colonel Douglas et de miss Arinda. Sir Edward affectait de garder ce silence morose qui provoque toujours une interrogation : elle ne se fit point attendre.

« Sir Edward, lui dit miss Arinda, vous êtes bien taciturne ; on dirait que vous avez commis une faute dont votre silence demande humblement excuse à vos convives. Dites, sir Edward, votre conscience vous reproche-t-elle quelque chose ?