Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paraît que vos dépêches sont nombreuses, il est déjà fort tard, nous vous laissons. Probablement vous voulez lire vos lettres avant de monter à vos chambres. Nous allons vous souhaiter une bonne nuit. »

Un instant après, le colonel et sir Edward étaient seuls dans la salle et s’entretenaient à voix basse, la lèvre de celui qui parlait, toujours effleurant l’oreille de son auditeur.

« Sir Edward, disait le colonel, ces dépêches sont fort longues à lire, et l’heure nous domine…

— Colonel, renvoyez cette lecture à demain.

— Une dépêche de Whitehall…

— Colonel, il y a une dépêche plus importante à cette heure…

— Laquelle, Edward ?

— La dépêche de Nizam.

— Mon Dieu ! je le sais… Laissez-moi parcourir à la hâte les autres lettres… je veux seulement reconnaître les écritures… Nous lirons cela demain, comme vous dites, Edward. Ah ! voici du curieux !… une longue, très-longue épître de la comtesse Octavie… Vous savez, Edward, cette charmante dame qui sait rire comme un ange et chanter comme Pasta…

— La comtesse Octavie !… Ah ! ceci est fort… La comtesse Octavie ! elle vous écrit donc, colonel ?…

— Voyez, sir Edward, voilà sa signature… et dix pages de papier noirci avec la vigueur anguleuse d’une griffe de panthère… Vous avez été son danseur à Smyrne ?…

— Parbleu ! je m’en souviens… trop… démon de satin blanc !… Elle nous poursuit aux Indes !… Colonel, me croyez-vous poltron ?

— Non, certes, sir Edward.

— Eh bien ! je tremble en ce moment comme une