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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/220

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[vers 3939]
LE LIVRE

jours, à celle droite heure par eſpecial, que il ne me ſouveniſt de vous. Je vous envoie un rondel qui fu fais le jour & l’eure que le virelay fut fais que vous m’avez envoié, & à l’eure que li miracles fu fais. À Dieu mon dous cuer, qui me doinſt tel joie de vous comme mon cuer deſire & de moy à vous auſſi.

Voſtre loial amie.
RONDEL.

Merveille fu quant mon cuer ne parti,
Quant de moy vi mon dous amis partir,
Car tel dolour onques-mais ne ſenti.
Merveille fu quant mon cuer ne parti.
Tant com je po de reſgart le ſievi,
Mais en po d’eure ne le pos plus véyr.
Merveille fu quant mon cuer ne parti,
Quant de moy vi mon dous ami partir.

Quant j’oÿ ſa reſcription,
Se l’ymage Pymalion,
Polixena la troÿenne,
Deyamira, & belle Heleine,
La belle Roÿne d’Irlande[1]
Me priaſſent, en ceſte lande,
Que je par amours les amaſſe,
Certes toutes les refuſaſſe ;
Car j’eſtoie en ſi tres-bon hait
Que ce n’eſtoit que droit ſouhait.
Si m’en alay, jolis & gais ;
Et paſſay les guéz & les gais[2]

  1. Dame dont Meliadus, dans le roman dont il eſt le héros, devint éperdument amoureux.
  2. Gais ou guets, aguets.