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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/25

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ix
SUR LE POËME DU VOIR-DIT.

maiſons de tous ces côtés. Plus d’une fois avant d’achever ſon livre, Guillaume dut céder aux preſſans déſirs de Peronnelle, en lui envoyant les feuilles déjà compoſées : dans ces cahiers étoit ménagée la place que les lettres devoient remplir un peu plus tard. Il eſt à préſumer que ſur ce premier exemplaire ont été exécutés les deux autres que nous avons eu ſous les yeux : au moins la fâcheuſe tranſpoſition qui exiſte dans les ſix premières lettres ſe retrouve-t-elle également dans tous les trois. Il faut que la mépriſe ſoit le fait du ſecrétaire chargé par Machaut de diſtribuer ces lettres ; il aura pris le change ſur l’ordre qu’il devoit ſuivre & que je n’ai pu rétablir ſans beaucoup de peine.

Ce poëme auquel pour mieux engager la conſcience de ſon auteur, étoit impoſé le titre de Voir-Dit, fut tenu durant plus de deux ſiècles en grande eſtime. Nous voyons pluſieurs princes en demander des copies, & Machaut, croyant avoir ſuffiſamment déguiſé le nom de celle qu’il y avoit célébrée, céder aſſez volontiers à leur déſir. Euſtache Deſchamps, dans une de ſes épitres, lui apprend comment il en avoit préſenté un exemplaire au comte de Flandres ; Jean duc de Berry en avoit obtenu un autre admirablement exécuté ; c’eſt un des trois que conſerve aujourd’hui notre grande Bibliothèque. Enfin tous ceux qui l’avoient lu regardoient le Voir-