Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[vers 5928]
257
DU VOIR-DIT.

Vo grain bonté, qu’eſt pure & monde,
Enlumine, enluminerez,
Quant des Dieus là miſe ſerez.
Ainſi ſerez glorifiie,
Dame, après ceſte mortel vie,
Et en grace du roy celeſtre
Qui fu, ſur tous dieus, ſire & maiſtre.

Veſcy la reſponſe de fait[1]
Que j’ay à ſa complainte fait.
Mais nulle rime n’y ay priſe
Qui ſoit à la ſienne compriſe ;
Et ſi n’eſt mie de tel mettre.
Après li eſcris celle lettre :


XXXIII. — Mon tres-dous cuer & ma tres-douce amour & ma tres-chiere dame, j’ay bien veu ce que vous m’avez eſcript ; ſi ne vous devez point mervillier, ce m’eſt avis, de ce que je vous ay envoié enclos en mes lettres : car vous ſavez bien que cuer qui ſent l’amoreus point n’eſt mie tousjours en .i. point, ains a moult de diverſes penſées & de ſauvaiges ymaginacions. Et li bon cuer ferme & loial monſtrent comment il leur eſt, ſans nulle couverture. Et, par m’ame, mon tres-dous cuer, onques m’entencion ne fu que je vous envoiaſſe les lettres ſéellées, dont vous eſtes un po méue contre moy. Et, touteſvoies, je l’ay fait par quoy vous ſcéuſſiez à quel meſchief j’ay eſté des lettres & du mandement que vous me mandaſtes par Th.[2] voſtre frere. Et, mon dons cuer, pour Dieu vueilliez me tenir pour excuſé & ne vueilliez penſer nullement que je ne vous tiengne pour bonne & pour léal : car, par m’ame, ſe je ſavoie le contraire, je ne vous lairoie mie pour ce à amer, mais jamais n’aroie joie.

  1. C’eſt-à-dire, les vers qui précédent.
  2. Ce nom abrégé ne ſe trouve que dans le mſc. 1584.[App. LXIX.]