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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/315

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DU VOIR-DIT.

Or avez-vous oÿ comment
Celle qui m’a en ſon commant
Sera des déeſſes ſervie,
Et en la fin glorifiie,
Et faite eſtoile en firmament
Des Dieus, pour luire clerement,
Et pour le monde enluminer
De ſon bien qu’on ne puet miner ;
Et comment joie me donna,
Quant doucement me pardonna
La villenie & le mesfait
Qu’envers li avoie mesfait.
Et ſe jà Dieus joie me doint
D’elle, & mes pechiez me pardoint,
Je ne voulſiſſe querre don
Fors ſa pais, pour tout guerredon.

Si me tins aſſez longuement,
Que n’avoie pas l’aiſement
D’envoyer vers ſa douce face
Qui toutes mes douleurs efface.
Toutevoie j’y envoiay,
Et ce livre moult fort loiay
En bonne toile bien cirée,
Que la lettre n’en fuſt gaſtée.
Voire, ce que fait en avoie,
Ce li tramis de ceſte voie,
Et un rondel que ſouvent chant,
Dont je fis le dit & le chant.
Et ſi, mis ſon droit nom par nombre
Entierement, qui bien le nombre ;
Et une lettre bien eſcripte
De vray ſentement faite & ditte.