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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/322

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[vers 6005]
LE LIVRE

porte la clef par deſſeur vous, du treſor dont vous l’avez, & que ſans li vous ne pourriez avoir nuls des biens qui y ſont : maiz n’aiez de ce doubte ; car j’en cuide bien chévir à l’aide de vous. Car je ſay l’amour que vous avez à my est ſi loial & ſi honneſte, que vous n’oſterez jà des biens du treſor riens de quoy il amenriſſe, ne de quoy Dangier doive groncier. Et pour ce, je ne doubte riens Argus, car ſe il avoit encor autant de yeus que il a, n’y verra-il jà choſe de quoy Malebouche doie meſdire. Si ne doubtez que quant il plaira à Dieu que je vous voie, que je les lieray ſi qu’il n’en y aura nuls qui oſe groucier. Mon dous cuer, vous m’eſcrivez que vous ſerez à ceſte Touſſains à Saint Quentin, & de là vers Monſeigneur le Duc. Pourquoy je penſe bien qu’il ſera avant grant piece que je oye nouvelles de vous ; & auſſi ne penſé-je pas que je demeure ci longuement ; mais penſe à aler brieſment aillours ; & ſitoſt come je y ſeray, je l’eſcriray à mon frere, qui le vous fera ſavoir. Et auſſi vous prie que vous li eſcrivez de voſtre eſtat & li mandez qu’il le me face ſavoir. J’ay bien veu ce que vous m’avez eſcript de Thommas, & quant il plaira à Dieu que je vous voie, je vous diray tout ce qu’il en fu, & auſſi le vous ſara bien à dire H. J’ay receue unes lettres leſquelles vous envoiez audit Henri ; mais je ne ly envoieray mie, pour ce que je ne ſcay où il eſt, & ſi, croy mieus que j’en feray le meſſaige que autres. Je vous envoie la darreniere lettre que vous m’envoiaſtes, pour ce que vous le m’aviez mandé ; mais je ne vous envoie pas voſtre livre pour ce que je ne l’ay encores leu. Mais quant je l’aray leu, je le vous envoieray. Mon tres-dous cuer, je prie à Noſtre Seigneur qu’il vous doint bonneur & joie de quanque voſtres cuers aime. Eſcript le jour Saint Symon & Saint Jude xxviiie jour d’octembre.

Voſtre loial amie.


Bien avez véu l’eſcripture
De ma dame plaiſant & pure,