me fait amer tous les bons & eſlongnier tous les autres. Je vous mercie de voſtre verge, & vous promet que la garderay bien pour l’amour de vous ; & vous envoie des moies, ſi vous prie que vous les gardés pour l’amour de moi. Mon tres-dous & vrais amis, je prie à Noſtre ſeigneur quil vous doinſt honneur & joie de quanque voſtre cuer aime, autant comme je voudroie à l’omme du monde que mon cuer aime & deſire plus.
Celle qui nuit & jour deſire
De vous véoir
Suis, pour oſter voſtre cuer d’ire :
N’à nulle autre riens tant ne tire
Ne n’a voloir,
Celle qui nuit & jour deſire
De vous véoir,
Com de véoir voſtre martyre :
Qu’à ſon pooir,
Elle ſera du garir mire,
Celle qui nuit & jour deſire
De vous véoir.
Mais ainſi comme là muſoie,
Et la merci-Dieu attendoie,
Un varlet, d’aventure, vi[1]
En ma chambre, & ſi vous plevi
Que tantoſt com je l’os véu
De joie eu le cuer eſméu.
Et vraiement il m’aporta
Choſe qui tant me conforta
- ↑ Ce varlet étoit apparemment le confident & le ſecrétaire de la demoiſelle. Il apportoit la lettre qu’on vient de lire.