Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
[vers 956]
LE LIVRE

Que je feray,
Ne quel manière j’aray,
Quant le vis cler
De ma dame qui n’a per
Premiers verray.

Certains ſuis que pris feray
Si fort, que je ne ſaray
À li parler ;
Et que ſans froit trembleray,
Et ſans chaleur ſueray.
Et ſouſpirer
Me faura & recoper
Mes ſouſpirs, pour moi celer.
Là n’oſeray
Mot ſonner ; pour c’en lairay
Amours ouvrer,
Qui ſcet comment ſans fauſſer
L’aim de cuer vray.
Je ne me puis ſaouler…

Hé Dieus ! comment porteray
Le tres-dous amoureus ray
Dou regarder
De ſes dous yeux ? je ne ſay.
Car aſſez à porter ay
Des maus d’amer.
Vers eus ne porray durer,
Et pour tel cops endurer
Foible me ſay ;
S’Eſpoirs, qui ſcet mon eſmay,
Reconforter
Ne me vient, ſans arreſter
Me partiray.
Je ne me puis ſaouler…

Et nonpourquant trop m’eſmay :
Car je me deliteray
En remirer