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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/299

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Ma voix comme ma main seconde mieux l’idée
Par qui leur entreprise en secret est guidée ;
Sans consulter ces traits qu’on ne peut soutenir
Je forme mon dessein dessus mon souvenir.
Je sçauray mieux icy peindre un Soleil à l’ombre
Que lorsque sa clarté rend mon regard plus sombre,
Et les divins brillans dont Caliste reluit,
Pour la mettre en son jour me font chercher la nuit.


Mais Caliste doit venir, et Ménandre en fait part à tous ceux qu’il rencontre.


Oüy, leur dy-je, elle vient cette aimable farouche.
Vous verrez ces beaux yeux et cette belle bouche,
Ces charmes précieux et ces riches trésors
Qui remplissent son âme et qui parent son corps,
Et bien-tost sa beauté qui n’a point de pareilles
Va d’une Cour brillante effacer les merveilles.
Les plus rares objets qu’on adore en ces lieux
Perdront ce qu’on voyoit d’adorable en leurs yeux ;
Sans couvrir leur éclat de nuage ou de voiles,
Tous ces jeunes Soleils deviendront des estoiles…


Tant pis que cette Caliste l’empêche de rien voir, si ce n’est elle ! Brébeuf, le bon peintre (encore qu’en seconde main) de la Forêt de Marseille, nous eût donné quelque ample énumération antithétique, surchargée de magnifiantes métaphores.