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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/320

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Clabaut, Rustaut, firent merveilles.
Mais l’un y laissa les oreilles,
Et l’autre en bien se défendant,
Décéda d’un grand coup de dant ;
Grizard et Croquant, à peau brune,
Voulurent là busquer fortune :
Mais Grizard mourut en busquant,
Et la Louve croqua Croquant ;
Gripe-loup, Brifaut, Gueule-noire,
Ayans aiguizé leur mâchoire,
Ne s’acharnèrent point trop mal
A l’entour du fier animal :
Mais leur feu fut un feu de paille,
Gripe loup, perdant la bataille,
Fut enfin, luy roesme, gripé ;
Gueule-noire fut étripé ;
On oüit Brifaut d’une lieüe,
Car étant mordu par la queüe,
11 haboya, cria, heurla,
Et mourut à cent pas de là.
Enfin la Louve faizoit rage,
Occizion et grand carnage ;
Mais tout à l’instant il survint
Un gros de Lévriers faizant vingt,
Puis encor un autre de trente,
Qui d’une fureur violente
Etans excitez des Chasseurs,
Furent tout à coup agresseurs.
La Beste, réduite à ce terme,
Fit encore quelque temps ferme,
Avec rigueur se défendit,
Bondit, fondit, fendit, mordit,
Mais l’assaut se trouvant trop rude
De cette grande multitude,
D’angoisse, enfin, elle étoufa,
Et Saint-Héran en trionfa.

De la chasse toutes les pompes,
L’aboy des chiens, le son des trompes,