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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/44

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qu’il y mît, que platonique. À cinquante-six ans, il s’était épris d’une passion « forcenée qui ne se pouvoit contenir dans les bornes de la bienséance » pour Charlotte-Marguerite de Montmorency, une enfant de seize ans, « d’une beauté extraordinaire ». Cela le jeta dans mille extravagances. Pour lui plaire, « il couroit la bague avec un collet de senteurs et des manches de satin de la Chine. » Il allait « avec une fausse barbe, à dés chasses où elle devoit être. » Tallemant ajoute encore : « Pour la voir en passant, il se desguisa en postillon, une grande emplastre sur la moitié du visage… Il obtint une fois d’elle qu’elle se monstreroit un soir toute eschevelée sur un balcon avec deux flambeaux à ses costez. Il s’en esvanouit quasy et elle dit : Jésus ! qu’il est fou ! »

Afin de l’avoir à son gré, il l’avait mariée, en mai 1609, à Henri de Bourbon, prince de Condé, « lequel aimoit mieux la chasse cent mille fois que les dames. » Mais il arriva que l’indocile époux ne voulut point du tout du rôle qu’on prétendait lui faire jouer. Il emporta sa femme dans ses terres, afin de la soustraire aux dangereuses assiduités du