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Page:Madeleine - Quelques poëtes français des XVIe et XVIIe siècles à Fontainebleau, 1900.djvu/88

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Mais ce ne fut pas tout : Olympe qui sçavoit
Qu’au sang de Fleurdelys Amour ses traicts lavoit
Ayant en mille endroits sa poitrine enserrée
Par les divins attraits du gracieux Nirée,
Compagnon d’Eurylas, veut que pareillement
Elle soit leur compagne en ce contentement.


Olympe croit, non sans raison, qu’elle doit bien quelque chose à Fleurdelys en reconnaissance des bons conseils que celle-ci lui prodiguait naguère. Mais le narrateur n’est point de cet avis ; il réprouve :


Olympe, que fais tu ? les amoureux mysteres
Sont tousjours plus sacrez, plus ils sont solitaires.
Ne t’avises tu point que c’est trop entrepris ?
Tu passes le conseil de la belle Cypris,
D’accroistre ainsi le nombre et mettre en la partie
La jeune Fleurdelys, sans l’avoir advertie.


Olympe ni Camille ne se sont fait ces réflexions. Elles vont prendre Fleurdelys, sous un prétexte de passer la journée à se promener. Mais, dès que Fleurdelys voit à qui l’on veut la conduire, elle s’enflamme de colère, parle haut, crie, tempête. Les amants sont consternés. Nirée


                d’un parler triste et passionné
S’efforce d’amollir ce courage obstiné.
La pauvre Olympe mesme à mains jointes la prie,
L’appelle son désir, sa lumière et sa vie,
La serre estroitement, embrasse ses genoux,
Puis quelquefois se fasche et lui parle en courroux.