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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/35

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ses forêts, toutes ses vieilles forêts sans lumière. Mais on peut égayer tout cela si l’on veut. Et puis, la joie, la joie, on n’en a pas tous les jours ; il faut prendre les choses comme elles sont. Mais dis-moi quelque chose ; n’importe quoi ; je ferai tout ce que tu voudras…

MÉLISANDE.

Oui, c’est vrai… on ne voit jamais le ciel clair… Je l’ai vu pour la première fois ce matin…

GOLAUD.

C’est donc cela qui te fait pleurer, ma pauvre Mélisande ? — Ce n’est donc que cela ? — Tu pleures de ne pas voir le ciel ? — Voyons, tu n’es plus à l’âge où l’on peut pleurer pour ces choses… Et puis l’été n’est-il pas là ? Tu vas voir le ciel tous les jours. — Et puis l’année prochaine… Voyons, donne-moi ta main ; donne-moi tes deux petites mains. Il lui prend les mains. Oh ! ces petites mains que je pourrais écraser comme des fleurs… — Tiens, où est l’anneau que je t’avais donné ?

MÉLISANDE.

L’anneau ?

GOLAUD.

Oui ; la bague de nos noces, où est-elle ?

MÉLISANDE.

Je crois… Je crois qu’elle est tombée…