Aller au contenu

Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne t’ai embrassée qu’une seule fois jusqu’ici, le jour de ta venue ; et cependant ; les vieillards ont besoin de toucher quelquefois de leurs lèvres, le front d’une femme ou la joue d’un enfant, pour croire encore à la fraîcheur de la vie et éloigner un moment les menaces de la mort. As-tu peur de mes vieilles lèvres ? Comme j’avais pitié de toi ces mois-ci !…

MÉLISANDE.

Grand-père, je n’étais pas malheureuse…

ARKËL.

Laisse-moi te regarder ainsi, de tout près, un moment… on a tant besoin de beauté aux côtés de la mort…

Entre Golaud.
GOLAUD.

Pelléas part ce soir.

ARKËL.

Tu as du sang sur le front. — Qu’as-tu fait ?

GOLAUD.

Rien, rien… j’ai passé au travers d’une haie d’épines.

MÉLISANDE.

Baissez un peu la tête, seigneur… Je vais essuyer votre front…