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Page:Maeterlinck - Pelléas et Mélisande, 1907.djvu/70

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PELLÉAS.

Il est tard. — Dans une heure on fermera les portes. Il faut prendre garde. Pourquoi es-tu venue si tard ?

MÉLISANDE.

Votre frère avait un mauvais rêve. Et puis ma robe s’est accrochée aux clous de la porte. Voyez, elle est déchirée. J’ai perdu tout ce temps et j’ai couru…

PELLÉAS.

Ma pauvre Mélisande !… J’aurais presque peur de te toucher… Tu es encore hors d’haleine comme un oiseau pourchassé… C’est pour moi, pour moi que tu fais tout cela ?… J’entends battre ton cœur comme si c’était le mien… Viens ici… plus près, plus près de moi.

MÉLISANDE.

Pourquoi riez-vous ?

PELLÉAS.

Je ne ris pas ; — ou bien je ris de joie, sans le savoir… Il y aurait plutôt de quoi pleurer…

MÉLISANDE.

Nous sommes venus ici il y a bien longtemps… Je me rappelle.