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Page:Magasin d'Éducation et de Récréation, Tome XIV, 1901.djvu/36

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Le premier lieutenant Coquebert (Yves), trente-deux ans ;

Le deuxième lieutenant Allotte (Romain), vingt-sept ans ;

Le maître d’équipage Ollive (Mathurin), quarante-cinq ans ;

Le harponneur Thiébaut (Louis), trente-sept ans ;

Le harponneur Kardek (Pierre), trente-deux ans ;

Le harponneur Durut (Jean), trente-deux ans ;

Le harponneur Ducrest (Alain), trente et un ans ;

Le docteur Filhiol, vingt-sept ans ;

Le tonnelier Cabidoulin (Jean-Marie), cinquante-deux ans ;

Le forgeron Thomas (Gille), quarante-cinq ans ;

Le charpentier Ferut (Marcel), trente-six ans ;

Huit matelots ;

Onze novices ;

Un maître d’hôtel ;

Un cuisinier.

Au total trente-quatre hommes, personnel ordinaire d’un baleinier du tonnage du Saint-Enoch.

L’équipage se composait par moitié à peu près de matelots normands et de matelots bretons. Seul, le charpentier Ferut était originaire de Paris, faubourg de Belleville, ayant fait le métier de machiniste dans divers théâtres de la capitale.

Les officiers avaient déjà été en cours de navigation à bord du Saint-Enoch et ne méritaient que des éloges. Ils possédaient toutes les qualités qu’exige le métier. L’année précédente, ils parcouraient les parages nord et sud du Pacifique. Voyage heureux s’il en fut, puisqu’il ne s’était produit aucun incident grave pendant une campagne qui n’avait pas duré moins de quarante-quatre mois ; voyage fructueux aussi, puisque le navire avait rapporté deux mille barils d’huile qui furent vendus à un prix avantageux.

Le second, Heurtaux, se montrait très entendu à tout ce qui concernait le détail du bord. Après avoir servi en qualité d’enseigne auxiliaire dans la marine de l’État, embarqué au commerce, il naviguait en attendant un commandement. Il passait avec raison pour un bon marin, très sévère en matière de discipline.

Du premier lieutenant Coquebert et du second lieutenant Allotte, excellents officiers, eux aussi, il n’y avait rien à dire, si ce n’est qu’ils déployaient une ardeur extraordinaire, imprudente même, à la poursuite des baleines ; ils luttaient de vitesse et d’audace ; ils cherchaient à se devancer et risquaient aventureusement leurs pirogues, malgré les recommandations et les injonctions formelles du capitaine Bourcart. Mais l’ardeur du pêcheur à la pêche, c’est l’ardeur du chasseur à la chasse, — un irrésistible entraînement, une passion instinctive. Les deux lieutenants ne la communiquaient que trop à leurs hommes, — surtout Romain Allotte.

Quelques mots sur le maître d’équipage, Mathurin Ollive. Ce petit homme, sec et nerveux, très dur à la fatigue, très à son affaire, bons yeux et bonnes oreilles, possédait les qualités particulières qui distinguent le capitaine d’armes dans la marine de guerre. C’était, assurément, de tous les gens du bord, celui qui s’intéressait le moins à l’amarrage des baleines. Qu’un bâtiment fût armé spécialement pour ce genre de pêche ou pour le transport d’une cargaison quelconque d’un port à un autre, c’était avant tout un navire, et maître Ollive ne prenait goût qu’aux choses de la navigation. Le capitaine Bourcart lui accordait une grande confiance, et il la justifiait.

Quant aux huit matelots, la plupart avaient fait la dernière campagne du Saint-Enoch et constituaient un équipage très sûr et très exercé. Parmi les onze novices, on en comptait six qui débutaient dans ce rude apprentissage de la grande pêche. Ces garçons, de quatorze à dix-huit ans, ayant déjà la pratique de la marine de commerce, seraient employés, conjointement avec les matelots, à l’armement des pirogues.

Restaient le forgeron Thomas, le tonnelier Cabidoulin, le charpentier Ferut, le cuisinier,