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Rochelle, dont les calvinistes étaient déjà en possession.

305. la ligue, 1376. — Le traité de Loches conduisait inévitablement à la ruine de l’autorité royale et au démembrement de la monarchie ; il excita l’indignation de ceux dont le patriotisme voulait conserver l’unité de la France, et des catholiques qui tenaient à sauver leur foi en écrasant le parti calviniste. De ces deux causes, du besoin de l’unité et de la foi religieuse, résulta l’association de la Sainte Ligue. Deja sous l’inspiration des princes Lorrains, qui ne comprenaient pas de salut ni de grandeur pour la France en dehors du catholicisme, plusieurs ligues partielles s’étaient formées pour la défense de la religion et de la royauté. Il importait de les relier entre elles et d’en faire un faisceau capable de contre-balancer la confédération puissante des Huguenots et des Politiques. Ce fut à Peronne que fut publié le premier acte de cette association générale, dont Paris devait être le centre. Le gouverneur de Peronne, Jacques d Humières, gentilhomme catholique, convaincu qu’il ne pouvait, sans péril pour sa foi, se soumettre a l’autorité du prince de Condé, entraîna les habitants de la province à signer une formule de serment, par laquelle ils s engageaient « à défendre là religion catholique, à ne déposer les armes qu’après l’accomplissement de leurs projets, et à obéir au chef qui serait nommé. »

306. Jugement de la Ligue, — Ambition des Guises. — La Ligue, comme toutes les associations, comptait dans son sein des hommes de conviction et des ambitieux. Ceux-ci furent, comme toujours, les meneurs et les chefs ; ils exploitaient à leur profit la bonne foi des gens sinsères, et les jetèrent parfois dans des voies tout autres que elles où chacun d’eux avait cru sans doute s’engager. C’est ce qui explique comment la Ligue a été tout à la fois un bienfait et un malheur pour la France : elle a sauvé et raffermi la foi menacée ; elle a maintenu la nationalité française en empêchant la division et le morcellement du royaume. Mais elle n’a pu atteindre ce double but qu’au prix d’une lutte énergique de plus de vingt années. La défense des causes même les meilleures n’a-t-elle pas ses tristes nécessité. Ajoutons pour être