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Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/171

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et fut battu. L’année suivante, il ne fut pas plus heureux à Ivry (Eure), quoiqu’il fût soutenu par un corps nombreux d’Espagnols. Avant l’action, Henri invoqua, selon sa coutume, le Dieu des combats ; puis, s’adressant aux siens : « Mes compagnons, leur dit-il, vous êtes Français, je suis votre roi, et voilà l’ennemi ; nous courons aujourd’hui même fortune ; je veux vaincre ou mourir avec vous. Gardez bien vos rangs, et si vous perdez de vue vos enseignes, cornettes ou guidons, ralliez-vous à mon panache blanc ; vous le verrez toujours au chemin de l’honneur et du devoir. » Il paya en effet de sa personne, comme le plus brave soldat, et remporta une victoire complète, qu’il honora en ordonnant qu’on épargnât tous les Français du parti opposé.

314. siège de paris. — Du champ de bataille d’Ivry le roi se dirigea aussitôt vers Paris, qu’il bloqua. La ville ne tarda pas à subir les horreurs de la famine. Les vivres épuisés, on fit du pain avec des ossements de morts ; une mère, dit-on, fut assez dénaturée pour manger son enfant. Henri IV ne put voir tant de maux sans être ému de pitié : « Il aimait mieux, disait-il, n’avoir point Paris, que de l’avoir ruiné par la mort de tant de personnes. » Il laissa sortir de la ville les bouches inutiles, c’est-à-dire les vieillards, les femmes et les enfants, qui consommaient une partie des vivres sans contribuer à la défense. De pauvres paysans avaient vendu aux assiégés un peu de pain ; non-seulement il leur fit grâce, mais il leur donna tout l’argent qu’il avait sur lui, en regrettant de ne pouvoir faire mieux. Ainsi secouru par Henri IV lui-même, Paris prolongea sa résistance jusqu’au moment où le duc de Parme Alexandre Farnèse, envoyé par Philippe II au secours des habitants avec une armée espagnole, parvint à jeter des vivres et des renforts dans la ville, et fit ainsi lever le siège.

315. états-généraux de paris. — Cependant la Ligue commençait à se diviser. Charles X, ce vrai roi de théâtre et en peinture, était mort en 1590. Les prétentions