Aller au contenu

Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XIX


Siècle de Louis XIV. — Établissement de la monarchie absolue. — La bourgeoisie est appelée aux affaires a l’exclusion de l’ancienne noblesse. — La France devient puissance prépondérante en Europe, tant par la force des armes que par l’éclat de la gloire littéraire. Elle voit se former contre elle une vaste coalition à laquelle elle tient tête. — Les Bourbons sont appelés au trône d’Espagne.

Gouvernement de Louis XIV, 1661-1715.

348. gouvernement personnel du roi. — Deux grand ministres venaient de se succéder à la tête des affaires ; un grand roi prit leur place. Lorsque Mazarin mourut, on ne connaissait pas Louis XIV, quoiqu’il eût déjà vingt-deux ans ; son éducation avait été négligée, et sa vie s’était passée jusqu’alors au milieu des fêtes, des bals et des plaisirs. Néanmoins le cardinal l’avait deviné ; il avait dit aux courtisans : « Il y a en lui l’étoffe de quatre rois. » Et une autre fois : « II se mettra tard en route, mais il surpassera tous ses prédécesseurs. » En effet » quand les ministres vinrent demander au jeune roi à qui ils s’adresseraient désormais : « À moi, » répondit-il. Et il tint son conseil assemblé pendant trois jours de suite pour se mettre au courant des affaires, et il annonça l’intention de travailler huit heures par jour. On ne crut pas à sa résolution ; il y persista pendant cinquante ans.

349. Ministres et généraux. — À l’amour du travail, Louis XIV joignait une volonté énergique, un sens droit et ferme, un discernement qui, sans avoir l’élévation de celui de Richelieu, ni la finesse de celui de Mazarin, était cependant très-remarquable, une grande confiance dans les lumières que la Providence donne aux rois, un sentiment très-vif de la grandeur de la France, et une rare intelligence des ressources prodigieuses de ce beau pays. Pour l’exécution de ses desseins, il eut d’admirables instruments : dans la guerre, Condé, Turenne, et leurs élèves Luxembourg, Créquy, Catinat, Villars, etc. ; dans L’administration, des hommes simples, modestes, expérimentés dans les affaires, sortis des rangs de la bourgeoisie, tels que Lionne, habile diplomate, employé avec succès par Mazarin dans dmportantes négociations, et qui fut ministre des affaires étrangères ; Louvois,