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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/240

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XVIII

l’ange de la luxure

On était dans le mois de Schouwal, les feuilles des caroubiers étaient rouge sang, les grenades éclataient et les poivriers laissaient tomber leurs baies globuleuses séchées par la chaleur. Almazan était venu s’asseoir sur le seuil du pavillon qu’il habitait, depuis quelques jours, au milieu des jardins de plaisance d’Alexaras.

Abul Hacen ne pouvait plus se passer de lui et il l’emmenait avec Isabelle, quand il allait se reposer des fatigues de la guerre, dans sa villa, aux environs de Grenade.

Un énorme rosier qui grimpait contre la muraille du pavillon avait laissé tomber les pétales de ses roses, si bien qu’elles formaient sur le sol un épais tapis. De ces pétales monta tout à coup vers Almazan une bouffée d’odeurs de roses qui se mêla à un parfum plus profond de terre brûlée. Et dans l’air vaporeux de la nuit, entre les citronniers d’or d’une