Aller au contenu

Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
LA LUXURE DE GRENADE

— Tu vois, c’est pour toi que j’ai mis un turban noir. N’ai-je pas l’air ainsi d’un docteur, d’un commentateur de la Loi de Mahomet, comme ils disent. Un docteur ! Au fond, je crois que j’aurais beaucoup à t’apprendre.

Elle prit par terre une poignée de pétales de roses et elle la lui jeta négligemment.

Il sourit. Il se sentait envahi soudain par un bien-être inattendu, cette aisance que l’on éprouve auprès des êtres que l’on connaît depuis longtemps et dont on se sent aimé.

Il lui dit qu’il avait cru voir un instant, pendant qu’elle marchait dans l’allée, Al Nefs, l’ange de la luxure, tel qu’il est dépeint par le théologien persan Mirkond.

Cela l’amusa beaucoup. Elle répéta plusieurs fois :

— C’est cela. Je suis l’ange de la luxure !

Et elle se penchait vers lui au point qu’il sentait le parfum d’ambre et de musc de sa chevelure, le parfum de jeunesse de son haleine.

Presque sans y songer, il passa son bras par-dessus son épaule et il eut le contact sous l’étoffe souple de la dalmatique d’une matière charnelle tiède, mouvante, désireuse, qui le fit frémir.

Alors elle s’appuya contre lui, au point qu’il avait la forme de son sein dur dessiné dans sa poitrine et qu’il voyait contre la sienne la ligne de sa jambe nue, hors de la dalmatique écartée.

Elle lui parlait maintenant, mais à voix si basse, qu’il n’entendait pas. Il comprenait tout de même. Elle disait des mots sans suite où il était question de