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Page:Magre - La Luxure de Grenade, 1926.djvu/314

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LA LUXURE DE GRENADE

roies et un bâton à la main. Il était venu. L’homme n’abandonne pas l’homme. Il se tenait au premier rang et il lui faisait signe.

D’étroites colonnes de fumée se dressèrent autour d’Almazan comme des cierges noirs. Les estrades, les fenêtres et les balcons, les cavaliers alignés prirent autour de lui un aspect étrangement géométrique. Il regardait toujours Rosenkreutz qui agitait son bâton.

Il allait partir. Il gagnerait la France, puis l’Allemagne où il était né. Il s’arrêterait là où brille une lampe d’alchimiste, il frapperait aux portes des ghettos où de vieux rabbins sont penchés sur les mystères des livres. Partout il expliquerait les secrets de la Kabale, il étendrait la fraternité des intelligents et des purs.

Vers le ciel chargé d’une marée de sang, brusquement, comme une haleine nocturne, monta un tourbillon noir plein d’étincelles. Les houles humaines, les piloris, les rois magnifiques, les maisons et leurs miradors, les églises et leurs tours menaçantes et le soleil déclinant dans la pourpre, tout ce qui était le tableau varié et multiforme de l’univers disparut aux yeux d’Almazan.

C’était bien peu de chose. Il mourait tranquille. L’esprit invincible continuait sa route.

FIN