Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/15

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À Malmousque on descend du tram en riant, car il semble que là se termine la ville et que commencent le soleil et la mer.

À Malmousque il y a une allée de caroubiers où le vent du large soulève les robes courtes et où il pleut, quand c’est le mois de septembre, des fruits rougeâtres comme les gouttes d’un beau sang terrestre.

À Malmousque il y a un peintre joyeux qui rit de tout, parce qu’il a beaucoup vécu et beaucoup souffert. Il a un visage de bon faune qui s’éclaire quand Aline paraît à la grille de son jardin, son visage mince un peu rosé parce qu’elle a gravi la montée en courant. Elle lui sert de modèle et il lui crie tout de suite : « Déshabille-toi ! » avant même qu’elle ait ouvert la porte.