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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/183

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— Je t’ennuie avec mes conseils, dit le peintre Fortune à Aline, en allumant sa pipe, et c’est pourquoi tu ne viens plus me voir.

Un peintre doit vivre avec des pinceaux et des couleurs, il doit avoir des modèles pour maîtresses et d’autres peintres pour amis. Une petite femme comme toi doit fréquenter d’autres petites femmes dans le même genre, et tes amants doivent s’accouder dans les cafés, jouer aux cartes en devisant, avoir un visage provincial. C’est une condition essentielle du bonheur de demeurer dans son milieu, d’y occuper une place étroite, mais bien à soi.

Le peintre Fortune jeta une grande bouffée de fumée et selon son usage se mit longuement à rire.

— Et puis il y a un moyen de traverser la vie sans