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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/185

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— Il ne te faut pas être jalouse, Lucette, puisque je ne t’aimais pas et que je n’aime pas davantage cette femme que je ne connais pas. Je te prenais dans mes bras plus pour te consoler que me consoler moi-même de la tristesse de ma vie. Tu n’étais pas jalouse des hommes que je n’aimais pas, tu n’as pas été jalouse de l’homme que j’ai aimé, et voilà que tu l’es ce soir d’une femme qui ne m’est rien.

Si je t’abandonne dans ta chambre, sans baiser, à l’heure où tu es si tendre d’ordinaire, ce n’est pas à cause d’elle, mais à cause de lui.

Je vais rentrer toute seule. Tu pourras entendre mon pas dans le couloir, ma porte qui se referme, et même un peu plus tard tu pourras venir écouter pour te rendre compte de ma solitude.