Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
LA TENDRE CAMARADE

leux qui sont respectueux dans la crainte d’être remis à leur place.

Il y en a qui fixent tout de suite une somme d’argent, et d’autres qui, soit par délicatesse, soit par avarice, laissent planer un doute sur ce point.

Il y en a qui vous amènent chez eux, d’autres qui ne veulent pas aller chez vous à cause d’on ne sait quel piège possible, et la plupart disent : « Connaissez-vous un hôtel meublé ? »

Si l’on en connaît ! Il y a des chambres avec des numéros sur la porte dont on a passé tant de fois le seuil et dont l’odeur de moisi vous est bien familière ! Il y a des voix hargneuses de propriétaires qui vous ont déchiré le cœur, et il y a des escaliers délabrés que l’on a descendus la nuit, sans allumette, en tâtonnant, pour fuir la compagnie d’un ivrogne.

Que d’hommes inconnus auprès desquels on se déshabille, que d’hommes grotesques, laids et malpropres, que de formes semblables à la fois et diverses, quelle absence de joie et quelle peine de chaque soir !