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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/209

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— Quand vous irez vous baigner toutes les deux, dit Jean Noël, je me rappellerai l’histoire des sirènes. Il y en a plusieurs. Il y a celle d’Ulysse, qui est la plus connue. Mais quelle folie était donc celle de ce héros pour se faire enchaîner au pied d’un mât quand les sirènes chantaient ? Comment n’a-t-il pas pensé que si ces êtres marins et artistes appelaient les hommes de leurs voix irrésistibles et les entraînaient sous les flots, c’était pour leur faire partager leurs plaisirs dans leurs palais de nacre et d’opale ? La vie auprès de ces déesses devait valoir infiniment mieux qu’un retour problématique à Ithaque à travers mille périls.

J’ai connu un homme qui, ayant entendu une fois les sirènes, s’était précipité aussitôt pour les suivre et avait demeuré longtemps avec elles. Quand il était