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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/285

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À présent il faut revenir chez mère Loute, écouter ses conseils sur les hommes et sur la vie. Il faut revoir Lucette, subir le regard de ses yeux fidèles, résister à ses caresses. Il faut aller s’asseoir encore dans le petit bar, non loin du port, écouter les discussions de Totote, de Rosette et de Jeanne l’avare. Il faut revenir chez Mme Rosalie pour rencontrer des officiers anglais et raconter en se déshabillant qu’on est la fille d’un officier de marine mort à la guerre. Il faut monter dans des chambres d’hôtel où l’on retrouve une odeur familière de moisissure, il faut subir des hommes communs qu’on ne connaît pas, il faut faire une perpétuelle addition de petites sommes dont le total ne suffit jamais au budget de sa vie. Il faut aller, venir, sur la même route mélancolique et sans amour où l’on